mardi 31 octobre 2017


Gourmandise,



Nicolas Bouvier, 

de passage dans l'île volcanique Halla San en Corée,
est séduit par "des tombes recouvertes d’une herbe rase, vert tendre , 
entourées de pierre de lave
et bombées comme des gâteaux."
Il écrit :

-« Je reviendrai mourir ici »





L’asservissement à la vulgarité 
peut être un dommage collatéral de l’amour



Lâcheté:

"Ce n’est pas par crainte qu’on se soustrait au combat ,
mais par une exacte appréciation des forces en présence.."


Après 18 heures, 
des volées de buveurs s’abattent sur les bars comme des sauterelles sur l’Égypte.


"On peut en faire,
 des gorges chaudes,
quand son gosier est calciné par un whisky bien tourbé."






« Les érables ensanglantés par l’automne
évoquent des bouchers 
qui ont fini leur journée. »



« Quand la Marie Chazotte a disparu, l’hiver a tout recouvert d’un manteau neigeux, silencieux et opaque.
Même les braconniers n’ont rien trouvé, malgré raquettes et malice.
Le printemps lui-même, n’a cette fois, rien rendu.

(Jean Giono :« un roi sans divertissement »)



Le poète 

          est un accélérateur de particules.
Ils malmène des mots qui se télescopent.
En nait, dans les bons cas,
une matière,
jusqu’alors inconnue.




« Une idée me passe par la tête. 

Jamais de la vie
Elle y naît, s’y développe puis parfois y meurt ou se transforme et s’ expulse sous une autre configuration.
Mais en aucun cas elle ne fait qu’y passer. »

(Pierre Dumayet)


La photographie ,

                           est un cadavre d’instant.
Un cadavre qui ne sent ni ne se corrompt.
En même temps elle fait, quelque temps, 
survivre ce qu’elle a figé.
Le cinéma et la vidéo sont plutôt de l’ordre du revenant.

lundi 30 octobre 2017


Echoué

Je suis barque,
                        penché
Sous quoi c'est retirée
La mer qui tout à l'heure
Berçait mon arrivée.

Me voici sur le flanc
Dans le sable mouillé
Comme brebis couchée

Par le loup éventrée
Et qui obstinément

Continue de brouter




Papillon, 
Fleur sans tige
Palpite comme un cœur
Qui voltige
Agite sa couleur
Quel prodige
Sans quelconque pudeur
Qui l'afflige





dimanche 29 octobre 2017





Dans les tombes hors d'âge,
la mort ne déforme plus les ossements.


Charlot, c'est Jésus-Christ sans la parole.

(André Suarez)



Certaines musiques blessent un peu les oreilles 
mais énervent le pied.





"L'hirondelle tire un trait sur le ciel qui s'ardoise
et  pousse un cri de craie sur le tableau du soir."




On retient parfois ses mots,
 comme des larmes.



Amour vache :
Tendresse violente.



Sur un rocher poli
Par une mer furieuse
Adouci d'un coussin d'algues 
Baigneuse échaudée,
Elle a posé son cul.



Le paysan suis la charrette qui avance lentement dans le champ.
Il balance, au fil du sillon ,
d'un coup de fourche  magistral les tubercules exhumés.
En quelque sorte on suit 
un déterrement.



C'était la première fois.
Elle a souri.
Elle était si belle.
Elle sentait bon.
On a marché dans la nuit.
On s'est embrassé, caressé,….
Tout ce qu'on respirait se transformait en oxygène.
Le lendemain, en descendant l'escalier,
on a cru qu'on allait être heureux, 

le restant de la vie..



Avec l'âge le cordage de la raquette se distend., 
On garde tout ce qu'on reçoit, 
comme dans une épuisette.




Cherche pour massage fripon,
praticienne motivée,
avec doigts sans griffes
et reins sans courbatures.



Le mûrissement dans son évolution , épanouissement harmonieux 
est l'apanage du fruit.
L'homme alterne les zones précocement gâtées 
et une chair qui reste immature.
Il s'apparente plus du salami que du fruit ,
dans sa maturité.




Je tente au jeu,
Pour me déchagriner,
De déperdre.





Orage

Des éclairs zèbrent la nuit, commentés avec un léger retard 
par des grondements approbateurs.
  


J'aime à peindre avec douceur,
des natures mortes, 
de mort violente..




Que  
qui n'est pas encore mort, 
jette sur moi,
la dernière pierre.



samedi 28 octobre 2017

Métro

Quand on est déprimé (et à Paris), 
il faut sortir.
On prend le métro. 
Les gens y font tous la gueule. 
Ça relativise. 
On se sent tout de suite mieux. 
Les autres ont l'air pire. 
On peut alors rentrer chez soi. 
Un ticket de métro,
c'est moins cher qu'une séance chez le psy.





Conjoint :

Police de proximité.



Modiano :

Biographe de l'absence.



Le non-croyant exclut Dieu de son environnement
L'athée voudrait l'exclure aussi de celui des autres.
Quoi qu'il en soit, ils ne s'embarrassent pas de majuscules
 pour traiter de la divinité..


Et


Le pire:
Dieu existe ;
et on meurt vraiment.

C'est pathétique..









Amitié

Arbre qui, 
en manque d'eau,
voit tomber autour de lui ses branches.





                         Clartés lunaires :

Lumière des morts.


Moi, je suis papillon de nuit,
attiré par le noir.




Épaves définitives





"Les immeubles scintillent dans la nuit.
Milliers de feux,
trémulant aux hublots de ces paquebots verticaux, 
interrompus dans leur naufrage."



Années "cinquante-soixante"

Les métros et les autobus à impériale vomissaient dans une proche banlieue proprette
tout un peuple d'employés de bureau.
Les pavillons étaient en "meulière", entourés de jardinets.
Des bistrots coquets contenaient des buveurs sobres.
Les marchands de journaux sentaient le "marchand de journaux".
Dans les salons, la prudence glissait sur des patins de feutre ,
et en outre lustrait les parquets.
La télévision  était volumineuse, en bois vernis, en noir et blanc
et on pouvait poser un petit carré de dentelle sur le haut du crâne de Léon Zitrone.
Une seule chaîne envahissait la totalité du "temps de cerveau disponible",
sans la moindre publicité.
A minuit, une musique solennelle précédait la mise au noir irrémédiable de l'écran
et,
au lit !





Femme

Une femme peut vous témoigner de l'affection.
C'est agréable., Ça fait du bien.
Ou alors un chien, c'est plus fidèle.
On peut l'abandonner quand on part en vacances. 
La femme, c'est plutôt à vous ,
qu'elle fera ce coup là.




Téléphone

Les gens qui se trompent de numéro se dépêchent en général de vous éliminer. 
On sent qu'ils sont en rogne. 
Limite, c'est à vous qu'ils en veulent, de leur erreur de numéro.
Il vous raccrochent au nez comme des 🐷 
Moi, j'ai plutôt tendance à les agripper, 
à prolonger la conversation,
juste pour les emmerder un peu.


Noces

On fête ses noces de carton,
de cuivre, puis de divers métaux précieux.
Ou ses noces de Lexomil,

Quand elle est partie..

et,

En période de crise, tout le monde pleure après la croissance.
Pfff..
Quand elle est partie,
j'ai pris 10 kg.



mercredi 25 octobre 2017


Haïcul


Sur le tapis, 
Repose, déshabitée, 
La robe chue



Larve,
dedans ma chrysalide,
je rêve d'une mort,
papillon.



Argent 

Avant, pour prendre l'argent on ouvrait le coffre avec sa clé,,
à la maison ou à la banque.
Maintenant les coffres sont partout, dans les murs des rues. 
Il suffit d'introduire la nouvelle clé, petit rectangle de plastique,
et l'argent sort.
On peut même payer un peu partout avec la clé..
L'argent, lui ,va bientôt disparaître.
On ne le verra plus que dans des films, sous forme de valises remplies de billets pour lesquelles on s'entre-tue.
Il est vrai que s'entre-tuer pourr un petit rectangle de plastique 
est beaucoup moins photogénique.




Spéléologique

L'image en miroir de la naissance, 
c'est la mort du spéléologue.
Coincé dans une grotte, dans le noir, le silence et l'humidité, 
il est soudain envahi et englouti par une résurgence, la vidange d'un siphon.
Il se retrouve alors dans son univers primordial, 
enfoui dans le noir 
et l'aquasphère.

Le comble, c'est que ses collègues s'acharnent à mettre en œuvre tous les moyens possibles
pour l'extraire de cette situation, 
à la suite de quoi, en grande pompe,
ils l'enterrent.


Boîtes


Cercueil :

Voiture auto-immobile
qui ne va nulle part.

et,

On sort de boîte de nuit.
On rentre dans des boîtes en fer.
La mort rode car se  transmettent des maladies fatales sur les banquettes arrières;
ou parce qu'on a roulé bourré.
Et tout ça finit ,

dans une boîte en bois.
"auto-immobile"




Le supporter 

aime à "cocoriquer du national"
ou du local.




La pluie, 

promesse de futur, et de verdoyance, 
voile et embue le présent.




dimanche 22 octobre 2017


L'humain c'est comme l'oignon.

Il est constitué et apprêté comme l'oignon.
Ses os, eux-mêmes creux, sont recouverts de muscles et ceux-ci de peau avec, entre les deux, plus ou moins de graisse.
Puis vient l'habit qui revêt avec plus ou moins d'élégance, le tout.
Cet ensemble s'entoure de maisons, d'autos, voire de trains, de submersibles ou d'aéronefs et bientôt de drones.
Chacun de ces éléments, couche individualisée, constitue l'oignon humain et est l'objet d'attentions destinées à le préserver de l'humiliation, sensation désagréable qui implique autrui.
(Existe-t-il un amour propre qui s'affranchirait complètement des autres ?)
On rêve donc ainsi de jet privé, de voitures luxueuses et véloces, de costumes de grande coupe et d'étoffes précieuses.
Le sous-vêtement se doit d'être comme un bijou tapi dans son écrin, voire considérablement attractif et minimaliste chez certain(e)s.
La peau elle-même est rabotée, retendue s'il le faut et moule des prothèses aux courbures affriolantes.
On la recouvre de crèmes et de poudres qui gomment la moindre imperfection.
On la tatoue de plus en plus de slogans ridicules et quasiment indélébiles ((ce qui obère le futur de la dénudation)
et on la parfume ou la désodorise selon la région concernée.
Il est socialement bienvenu qu'elle soit légèrement hâlée par un soleil exotique, plutôt que par une lampe de quartier.
La graisse, vite accumulée sous l'effet d'une gourmandise de vie qui nous anime, sera liquéfiée par des régimes à la mode ou suçée à l'aide d'instruments inoxydables et onéreux.
Les muscles seront modelés à l'aide d'exercices pénibles sur des machines rébarbatives avec le sourire lui-même muni de dents habilement blanchies et alignées par des orthodontistes hors de prix.
 Il en sera de même du cœur, des poumons, du moral, gonflés à l'oxygène d'altitude, débarrassés de toute nicotine et apaisés par une méditation orchestrée par un coach médiatisé.
Le cerveau, lavé  par les télés et les "rézosôciaux",
à qui il aura concédé la totalité de son espace,
conduira allègrement ce bel ensemble vers sa destination, qui demeure,
pour peu de temps encore,
fatale.
On rangera alors toutes ces couches soigneusement gérées, dans un boîtier d'une essence plus ou moins précieuse , lui-même placé à l'intérieur d'un véhicule allemand surdimensionné et excessivement vitré.
Quelques pitreries seront effectuées, en présence de la famille et des amis, par un officiant du culte,
 (celui qu'on lui aura généralement imposé dès sa plus tendre enfance et qu'il aura soigneusement rangé dans un coin de sa mémoire d'où il ne l'exhume  que pour les grandes circonstances( mariages etc..)
...
Jusqu'à l'apposition du revêtement final subtilement constitué d'un marbre poli à l'extrême en forme de dalle ou d'urne selon l'ultime recette d' accommodation de la dépouille.
Une phrase immortelle y sera gravée avec parfois une photographie émaillée du plus bel effet.

L'oignon quant à lui, finira dans un pot-au-feu, déshabillé de ses couches superficielles et dont je vous conseille de sceller le couvercle ultime à l'aide de quelques clous de girofle qui ont le double avantage d'être ,
et plantés silencieusement contrairement à leurs collègues de cercueil,
et qui plus est, délicieusement parfumés.
Photos du jour: 20 octobre 2017



Pour ceux* qui détestent les cyclistes.


* et qui donc ne peuvent pas être complètement mauvais.




Dé-pigmentation, albinos, vitiligo,

"la vache ! "







Phanères : on ne saura jamais :non, "pourquoi cette coiffure", 
mais:" pourquoi ces ongles", 
chez le philosophe ?

Une hypersensibilité pulpaire a été évoquée..
Les philosophes sont toujours des "hypersensibles.."








Patient atteint (?) d'Alzheimer.


Richards (Keith)
Pas Alzheimer ?



 Meteo : ça se gâte.



 et, quand  ça se gâte,



on a vite froid aux pieds.


vendredi 20 octobre 2017





Islande

Sur les prairies de saxifrages et de lupins
et sur les petites fermes coloriées, descend une poudre
de lune et d'obsidienne.
De petits chevaux rebondis paissent une herbe mauve.
On ose à peine respirer ;
Midi et minuit sont enlacés


Et,


L'avantage de l'île, 

                                 si petite soit-elle,
est  immense car autour d' elle,
pas d'autres frontières
que ce frisson qui sépare au loin le ciel de la mer.

(Gilles Lapouge)




L'amour-propre, 

                            l'égocentrisme, sont témoins de notre animalité.
Seule la haine de soi peut être qualifié de proprement « humaine »
 (ce qui fait la fortune de nos analystes)
Les contempteurs du narcissisme épanoui devraient méditer ce fait : 
« en cas de décentrement, d'anarchie affective vis à vis vis du moi,
 à qui d'autre s'en prendre,
sinon à  soi-même ?







Michel Houellebecq : poèmes


"L'espace entre les peaux
Quand on peut le réduire
Ouvre un monde aussi beau
Qu'un grand éclat de rire"




"Comme il se doit dire je t'aime
À quoi bon le lui seriner
Le système est organisé
Pour la reproduction du même"



"Rediffusés par satellite
Des marathon caritatifs
Maintiennent un niveau émotif

Plus tard, il y a des films de bite"




jeudi 19 octobre 2017



Congrès du PC chinois
(90millions d'adhérents)
Le seul qui rigole
(jaune ?)
c'est le N° 1




Sexe :

Il s'agit de mettre le dur,
Dans le mou.

Et,

La vie :

On est une grenade dégoupillée
et,

on ne sait pas compter.


Les pigeons, obèses d'avoir si peu volé, 
fuient en se dandinant.




Les formes généreuses de la cantatrice
étaient contenues, in- extrémis,
par une sobre
robe noire.




On inscrit des noms, parfois tatoués , sur les gens ,
afin d' éviter d'avoir à les appeler par un nom.
Cela rappellerait trop leur condition humaine.




Autopsie

Y assister déclenche des pensées contradictoires. 
Tout est différent dans l'individu ainsi dépouillé de ce qui fut humain et vivant.
L'âme, en est à l'évidence absente. 
On est alors fasciné pas l'inéluctable ,
tout en ayant des bouffées d'éternité.




Infarctus :

Accident de la circulation.



Aïe

On porte la main à son front,
surpris par une vive douleur.
Par là commence,
sans qu'on le sache,
la dissolution 
prochaine.


Ethnologie 
(Claude Lévi-Strauss)


"L'anthropomorphisme fait interpréter l'évolution sociale à la lumière de l'évolution des espèces.
On voit les différences anatomiques du squelette se dérouler au fil de la profondeur des fouilles.
De même, l'objet, la hache, par exemple, change selon les couches.
Cependant les éléments du vivant découlent les uns des autres par la reproduction sexuée.
Par contre les haches ne font pas des haches.
Les anthropologues ont la même démarche et considèrent les populations dites primitives et contemporaines de la même manière. 
Ils ont tendance à les réduire à l'état de répliques arriérés de la civilisation occidentale.."



Guy Debord , résumé :


La valeur d'échange a pris le dessus sur la valeur d'usage.
Elle l'a asservie.
L'apparence est devenu la seule réalité,
d'où la "société du spectacle"

CQFD



Architecture

Les immeubles "en barre" des banlieues sont des falaises percées d'alvéoles à l'usage des troglodytes contemporains.

Les tours sont des impasses verticales.

(Paul Virillio)



J'aime à effectuer, 
à l'issue d'un déjeuner adultérin,
une sieste chorégraphiée.




mercredi 18 octobre 2017








Plus j 'observe la Déesse 
Plus se réduit sa divinité.

"Un regard trop aigu perce et désenchante
et les choses et les hommes.
Seule la soif d'aimer empêche de dévoiler les fils ténus
qui animent les pantins."




"Avant que survienne le vacarme, 
la baguette  du chef dessine un instant,
le contour mystérieux du silence."



J'aime,
         
          à marcher pieds nus sur cette langue de sable lisse,
là où meurt la vague et,
"où chaque pas me fait une pantoufle neuve."





Dieu,

          avait, on ne sait trop pourquoi,
envoyé son fils sur la terre.
Compte tenu de la déréliction et des horreurs que subissent ses habitants,
quoi d'étonnant à ce qu'il l'aient purement et simplement lynché, 
avant de le retourner à l'envoyeur..





J'aime

          à croiser chez certaines femmes mariées,
ce regard étrange, triste et inquiétant, 
qu'ont les grands fauves qu'on retient contre leur gré,
dans les cages à barreaux de nos zoos.




Chut !

"Je me glissai dans la chambre avec la même discrétion que la nuit qui était tombée . 
Elle, se contenta du lit pour choir. 
Nos yeux s'accoutumaient peu à peu à l'obscurité,
mais un bruit sourd et saccadé me martelait les tempes. 
Pourtant tout mon sang affluait en un lieu stratégique.
Elle ne portait sur elle que quelques grammes de coton,
ourlés de fines dentelle,
pour la présentation.

La nuit ôtait à la vue tout ce que s'accorde, en aparté,
le sens subtil du toucher,
qui laisse alors libre cours à toutes les indiscrétions que permettent des doigts habiles,
aveugles
et muets."

Nous quittâmes la rive et,
vogue la galère..

jeudi 12 octobre 2017

Maristes*

1950

Il se souvient du bâtiment.
 Au centre-ville.
 La Seyne sur mer.
Une double volée de platanes pluri-centenaires ombrage et obscurcit le cours.
Un marché s'y tient le dimanche. 
L'entrée des "Maristes" était alors close d'une grosse porte en chêne. 
Elle  lui parut immense.



À six ans, les dimensions du monde sont toujours excessives.
Les souvenirs sont flous sauf quelques uns, privilégiés.
La mémoire met  au point sur certaines images.
Son père l'avait laissé dans la cohue de la rentrée au milieu des familles tenant toutes par la main un enfant en larmes.
Profitant du désordre il avait filé après qu'il l'eût  laissé dans l'embrasure de la porte géante.
Dans sa poche le billet de banque lui brûlait les doigts.
Il devait faire son usage pendant au moins un trimestre.
Sans doute le premier argent de poche.
Dans la vitrine, des gâteaux illuminés le regardaient fixement.



 Il entra, acheta bonbons,sucettes, gâteaux ;
 mentit sans doute à la vendeuse en justifiant un père, une mère, là, dans la foule.
Quand il se retrouva devant la grande porte en chêne, elle était fermée.
Tous les élèves étaient entrés et les parents repartis.
Il avait fallu frapper et s'acharner sur une sonnette, à la limite de son bras tendu.
L'acceuil avait été peu amène.
Il se souvient de la punition, pas des gâteaux.
Il se tenait maintenant debout dans le dortoir, au pied ce qui allait être son lit.
Les autres étaient couchés, endormis pour la plupart.
Un murmure secoué de toux par vagues et de  bouffées de pleurs étouffaient quelques  bavardages en sourdine.
Oui, au pied du lit, en ""garde à vue".
" Bagnard minuscule", il devait rester là sans bouger, sans parler jusqu'à ce qu' "on" lui permette enfin de se coucher.
Il n'osait même pas extirper les bonbons qui lui lestaient les poches.
Peur de la double peine.
"On", était lui, couché derrière ses rideaux illuminés tels un grand abat-jour carré planté au milieu du dortoir.



 Il avait dit : " tu ne bouges pas tu ne dis rien jusqu'à ce que… "
"On", devait bouquiner dans son lit.
Des bouquins de curé, de messe ou quoi..
Quand enfin il lui avait ordonné de se coucher tout le monde dormait.
Les yeux gonflés de larmes, le nez de morve, il se glissa dans les draps glacés.
Dans sa tête il revoyait la foule bruyante et agitée, les gâteaux, les voitures, la vie, quoi.
Il se sentait le seul survivant dans cette espèce de cimetière au parquet ciré et à l'odeur de pieds.
La lampe derrière les rideaux, c'était fini.
Seule une veilleuse bleuâtre diffusait une lumière blafarde.
Les tousseurs donnaient régulièrement par vague quelques signes de vie, malgré tout.
Pour une rentrée c'était une rentrée.
Ça commençait bien.

La vie ici était quasi monastique.
Autour de la cour et du préau où on s'abritait quand il pleuvait, des fenêtres à petits carreaux éclairaient les différentes classes.
Le temps passait entre les castagnes dérisoires et les jeux de bille ou de foulard.
(On ne se le mettait pas autour du cou à des fins de strangulation, à cette époque antédiluvienne.)
Les pupitres et bancs d'un seul tenant étaient alignés sous un éclairage "a giorno" par des lampes aux abat-jours de métal émaillé.
A côté du tableau noir, de grandes cartes de géographie en carton multicolore exposaient les départements ou l'Afrique coloniale,
Les encriers de faïence blanche s'inséraient  dans un trou du pupitre.



 L'encre y était violette.
Quand on lui ajoutait des morceaux de craie ça faisait une sorte de pâte redoutablement salissante.
 Même la pierre ponce n'en venait pas à bout sur les doigts aux ongles rongés.
Ce deuil violacé fut porté durant toute sa scolarité jusqu'à l'apparition des stylos "Bic".
Ceux-ci  sonnèrent le glas de l'encre et des porte plumes en quelques années.
Le "Bic" faisait aussi office de sarbacane.
L'extrémité à bille et le tube d'encre enlevés, on introduisait par le gros bout une rondelle de peau d'orange en appuyant fort sur le pupitre.
Cette première rondelle était repoussée par le réservoir d'encre qui faisait office de piston jusqu'à la partie rétrécie du "Bic".
Une deuxième rondelle était alors introduite , également à l'emporte-pièce .
Il suffisait alors de pousser avec le tube et la pression montait jusqu'à expulser violemment son projectile d'agrume vers les segments de peau qui s'échappaient du col chez les copains de devant.
Le véritable expert savait qu'il fallait boucher le petit trou d'aération qui se tient au milieu du "Bic" pour obtenir une pression optimale d'expulsion.

Il ne se rappelle d'aucun de ses camarades d'alors, à l'exception d'une sorte de demeuré qui avait la particularité d'écrire à moitié couché sur son cahier, de baver sur la page, et de mâchouiller en permanence le manche en bois de son porte-plumes .
Son truc à lui, c' était, qu'après avoir aligné une série de lettres entre les deux lignes qui matérialisaient le chemin d'écriture



il frottait par-dessus, sur l'encre encore fraîche, le manche mâchouillé et  baveux de son porte-plumes à seule fin de détruire irrémédiablement son ouvrage.
Malgré les punitions et gifles répétées, il ne pouvait maîtriser cette pulsion destructrice irrésistible, qui a du l' accompagner toute sa vie scolaire.

Nul ne saura jamais de quelles qualités il pouvait se prévaloir quant à ses exploits d'écriture.

Que ces quelques bribes de souvenirs, (qui elles ne s'effacèrent pas...),
lui soient affectueusement dédiées.



*Congrégation religieuse fondée en 1816 , "frères de Marie" dévolue à l'enseignement (et la radicalisation catholique des enfants mâles en bas âge..)






Quand on devient vieux, 

                         on s'intéresse à la botanique et à la zoologie ;
 pour savoir le nom des plantes qui vont vous pousser dessus 
et des bestioles qui vont vous bouffer.






Pluie d'été, 
    
                        orage sensuel,
Qui pénètre une terre avide, consentante.




De serment,

               nul besoin 
                                     entre nous*;
Tout est juré ,
si c'est d'amour.

* Bon, au début, d'accord..




Je me réveille, 

                       je m'étire,
Il faut sortir,
rejoindre les autres,
pour, comme eux,
s' occuper à mourir.



Twitter

On envoie des phrases calibrées dans une sorte de vide sidéral,
 avec l'espoir qu'elles seront captées par d'autres terriens.






Le chien ,

         avance, 
le chat biaise.




Suicide

Catégorie de meurtre où l'assassin accepte de ne pas jouir 
du spectacle de sa victime.



Écologie

Tout ce que touchait Midas se transformait en or;
Il mourut de faim.
Tout ce qu'on achète aujourd'hui se transforme en déchets ,
Qui finiront par nous étouffer.



Terre

Cadavre roulé en boule,
dont nous sommes en partie, 
les asticots.



Port

Enclave réputée paisible,
où on entend des treuils et des palans qui crient,
survolés par des mouettes qui grincent.



"Elle avait 

             des seins à la fois dur et doux,
 comme le cœur serré du chrysanthème."

Montherlant (Henry de)




Une pensée,

          pour ceux à qui suffisent leurs rêves, 
les onanistes silencieux
de la poésie.




"Il faut savoir refuser 

                et avec élégance .
Le « non » assaisonné de civilité passe bien, 
à condition que le refus soit administré à petites gorgées.
On en adoucit l'amertume en instillant un zeste d'espérance.
La courtoisie remplit le vide laissé par  la faveur éludée."








Le couple, 
                   ça commence dans la griserie, 
ça finit dans la grisaille.
(Pascal Bruckner)



Cherche 

          goutte d'eau,
 pour troubler mon absinthe.



Religion

"Les religieux de tout acabit sont des agitateurs de balivernes qui fascinent les foules, les rendent hystériques, puis meurtrières.'



Voyager 


               "c'est être infidèle sans remords ; 
et le carnet d'adresses devient cimetière.
(Paul Morand) 

et

"le secret pour avoir gaîté et santé est de fatiguer et le corps 
et de reposer l'esprit ; le voyage donne cela.
(Voltaire)


Départ

"Essayons la chasteté,
goûtons de l'abstinence, 
voyons lever le jour autrement qu'en débauché, 
renonçons à la promptitude, à l'activité.
De rares pensées , peu d'objets, quelques être vraiment utiles et,
on se prépare au mieux 
à ce jour
où il faudra tout quitter."



Bourgognes,

        "qui parfois s'effacent comme des pastels."



Spleen

"J'ai autant d'appétit qu'un chien qui vient d'être vendu."




"Elle s'était mariée 
           
                            deux fois,
comme toutes les femmes intéressantes."



La vie 

                    est une succession d'appétits, sans parler des soifs ;
jusqu'au jour où ce sont les dents qui viennent à manquer.
Ce qui, Dieu merci, n'empêche pas de boire..
Une longue journée, les rires des enfants, des amis s'en vont, 
on reste là, pensif, un peu ivre, 
au bord du dormir.


jeudi 5 octobre 2017

"Robine aussi d'une autre part
De Jaquet guignait le tribard
Qui lui pendait entre les jambes

Je t'en prie Jaquet, chose moi
Et mets la quille que je vois
Dedans le rond de ma doucette"

(Pierre de Ronsard 1559*)

*Année érotique ?



"La plupart,

                    n' ayant guère le loisir de voir ailleurs, 
 achète ou on lui dit d'acheter.
Les chiens se soulagent volontiers
sur les endroits fortement compissés"




Je rêve
            
          pour mon commerce,
 d'un savon cancéreux,
qui au fil du frottage,
irait en  s'augmentant..




Collé à toi 

                    comme une vigne
Et, folle grive à tes 🍇 raisins
Bien que de tes appâts indigne
Je suis obstiné libertin





           "  Attaché

                                  à défaut de mieux
   Comme autour de son pieu  la chèvre
               On tourne et tourne sans trêve
                    Sous le regard usé de Dieu"


mardi 3 octobre 2017


Emile Michel Cioran, un de mes "penseurs tristes" favoris.
Il déambule ici sur la promenade des anglais en poussant sa bicyclette.



Comment comprendre qu'un nihiliste de ce calibre, contempteur des religions et provocateur compulsif du néant puisse craindre l'effilochage de ses bas de pantalons en les enserrant de "pinces à vélo"
?

lundi 2 octobre 2017



 Mariage :

"On attelle à deux, 
ce qui fait davantage de dégâts lorsqu'on verse."

(François Nourrissier)





""L'humain s'échine

                                toute sa vie, 
au bout de quoi il devient un défunt, 
notoirement oisif."


« Vous passez soixante ans, 

                                            vieux fourreau de hautbois
Vous avez vu régner neuf papes et tant de rois
Et vous voilà encore vêtue à la moderne ?
Troussez votre paquet, vieille, c'est trop vécu :
On vous fera servir à Paris de lanterne
Si vous pouvez souffrir un flambeau dans le cul.

(Charles Timoléon de Sigogne* 1560-1611 -Délices satiriques )

* poète féministe..






"Tant d'auteurs,

                qui ont l'oreille juste,
et qui chantent faux"



"D'autres (beaucoup..) 
ont la manie de mettre en épigraphe une citation
qui en dit souvent plus long que l'ouvrage qui suit.."





"Les enduits

                               ne résistent pas longtemps sur le tuf.
Cette pierre assoiffée pèse le double quand elle est mouillée 
et rejette les enduits, comme la ville, les pouvoirs publics.
Telle est la chaux sur la face rebelle de cette pierre 
et le tuf fait savoir qu'il appartient à l'époque déserte de la planète,
et que nous, humains, nous ne sommes à sa surface,
qu'une moisissure saisonnière.

(Erri de Luca)




Contestation,

                            révolte, manifestation : 
" dysenteries qui déversent le peuple dans les rues"




"Le christianisme,

                             la plus inélégante des croyances, 
n'a été possible que par le dégoût du luxe, de la mode, des aromates
et des frasques  raffinées d'une Rome qui s'est dépensée sans compter .
Sans la ruine de cette magnificence, la foi chrétienne serait resté l'apanage peu enviable d'une secte comme les autres.
Mais, Rome s'est effondrée ; 
seules les civilisations de peu d'orgueil s'éteignent lentement."

(Émile Michel Cioran)




"L'air revivifie d' autant,
que le vent l'a battu"




"Il avait une parfaite maîtrise de soi,
mais bien un peu de soi à maîtriser.."

(William Cuppy )

Et, du même :

"L'hippopotame n'a pas de clavicule 
et ils s'en contrefiche.
Il possède par contre des astragales.
Tirez en les conclusions que vous voudrez..".  



Je me rêvais, fière colonne
Chêne planté là, pour long temps
"Me voilà tremble frissonnant 
Dans les frimas de mon automne"