mardi 17 décembre 2019

Choisir

Depuis le temps qu'on m'en arrache, des dents, je n'en aurai bientôt plus.
Ou quasiment ; ce qui reste ne sert pas à grand chose.
En outre, ça se voit de plus en plus, surtout quand je souris.
Pas envie de sourire ce matin.
Mon dentiste m'envoie consulter un ponte des implants dentaires.
On doit procéder à un repiquage, en espérant que ça pousse.
En plus, ce jardinier maxillaire exerce à Cannes.
J'ai horreur de cette ville.
Leo Ferré avait dit:
"Cannes. C'était beau, il faisait beau ; j'en ai ramené une vilaine chanson"
La chanson, c'était "Cannes la braguette"

https://youtu.be/aGFPX411skE


Je la fredonne sur l'autoroute puis en longeant le littoral.
Ceci dit ce n'est pas ma braguette qui me préoccupe présentement.
Les cubes de marbre s'étalent sur le front de mer avec leurs balcons prognathes aux rambardes de verre fumé.
La plupart ont les stores baissés.
C'est comme les plages, qui sont vides en ce début d'hiver et les balayeurs ont entrepris de déblayer les bois flottés et autres algues et plastiques que la tempête récente a déposés sur le sable.
Ça change des starlettes et des fans à selfies.
On est "hors saison".
Les grands hôtels, Carlton et autres Martinez (pas le syndicaliste..) exhibent leurs façades immaculées.
Pas de moustache intempestive ici.
Les rez de chaussée sont occupés par des boutiques de luxe,  "Van Cleef "et son pote "Arpels",
dans quoi grouille une faune siliconée, botoxée et bronzée à la lampe 365 jours par an.
Des chiens minuscules et hideux décorent les avant bras de ces morts-vivants, qui glissent en silence devant les vitrines où s'étalent les frusques hors de prix qui les emmitouflent.
A cette heure matinale, ils sont encore rares , occupés à ravaler leurs propres façades ;  quant aux boutiquiers, eux, ils fourbissent leurs comptoirs en vue de la belle et lucrative journée qui se profile.
Un couple d'hommes, jeunes, débordent de jeans "slim" comme le dentifrice sort du tube et tortillent du fion devant moi.
Ils se dirigent vers un café en vue de reconstituer des forces dont la nuit précédente
porte sans doute la culpabilité d'une dilapidation excessive.
Je n'ose en imaginer le déroulé et encore moins étaler ici les probables péripéties pour ne pas tomber sous le coup de la loi.
-"Leo !"
-"Sort de ces corps..!"
La rue d'Antibes est  la rue "commerçante" de Cannes.
Entre un magasin de dessous affriolants et un horloger à dominante suisse, la plaque cuivrée de mon odonto-implantologue putatif luit.
L'ascenseur me dépose dans un silence feutré, à l'entrée du cabinet.
Me voici pour le coup dans le marbre.
A la réception, une superbe créature s'enquiert de mes coordonnées postales, numériques et sociales puis m'intime d'avoir à enfiler des "sur-chaussures".
Il s'agit de "charlottes à pieds" en non-tissé blanc.
Ce masque pédestre est censé endiguer la ruée des germes qui souillent les trottoirs cannois au sein de ce cabinet immaculé.
Ceci dit, il est notoire que la bouche, lieu exclusif du tripotage local, a la réputation d'être, après sa complice intestinale, le réservoir microbien le plus fréquenté chez homo-sapiens.
Non seulement on ne m'en exige pas l'obstruction, mais il va me falloir sans doute l'ouvrir, et pas qu'un peu.
La salle d'attente est spacieuse, largement illuminée par une baie vitrée.
Les murs sont parsemés de toiles abstraites du meilleur goût et les revues d'art s'empilent sur la table basse, à peine contrariées par le voisinage de l'inévitable revue "people".
Ici, c'est "Gala."

è tutto apposto.

Une accorte assistante, revêtue d'un pyjama de bloc bleu, m'intime d'avoir à la suivre pour fusiller ma mâchoire aux rayons X, ce que je fais sans me faire prier tant elle est charmante et ondule avec grâce devant moi.
Me voici encastré dans un scaphandre plastifié, digne de "2001 l'odyssée de l'espace", les dents (enfin, ce qu'il en reste..) serrées sur des cotons, et le corps malaxé et mis en position idoine par les mains baladeuses et expertes de la jouvencelle.
Le satellite bombardier X peut tourner en orbite autour du "pauvre de moi" et me cribler de sa cargaison de rayons.
Mon pouvoir de tordre à distance les fourchettes et autres ustensiles parvient néanmoins à enrayer le bombardement ;
le satellite se bloque.
Je jubile, bien qu'innocent en fait du déclenchement de la panne.
(Je ne suis pas masochiste en toutes circonstances..)
L'iphone de la belle s'avère en relation directe avec le staff du constructeur et après quelques salamalecs l'engin redémarre illico, non sans qu'il ait été nécessaire de réitérer les manoeuvres papouilleuses de positionnement, dont je deviens friand.
Me voilà enregistré et, en 3 D s'il vous plait.
En pyjama vert, impérial, l'implanteur se présente et m'invite à le suivre dans son bureau.
Un café m'est proposé et aussitôt amené sur un plateau par la créature de l'accueil.
Ristretto dans tasse et sous-tasse design de chez Nespresso.
C'est écrit dessus.
Après quelques pitreries de présentation, nous voici dans le vif du sujet.
Enfin, pas tout à fait du mien pour l'heure, mais je ne perds rien pour attendre..
Le ponte, après avoir déroulé mon panorama maxillaire et bien que la 3 D m'avantage plutôt
m'assène  son intention de décimer quasiment tout ce qui reste sur ma mâchoire supérieure, y compris un implant posé il y a des années par un prédécesseur concurrent, écartant d'un revers de main la tentative de miséricorde  que j'implore à son égard.
Magnanime, il épargne, Dieu sait pourquoi ? un vieux bridge tapi au fond et à gauche , dépourvu, faute de vis à vis, de toute prétention masticatoire.
Il me laisse ainsi augurer de quelques mois d'alimentation liquide ou semi-liquide avec quasi interdiction de l'ouvrir devant autrui ,sous peine de déclencher une hilarité subséquente.
Alors, comme dans un jeu video, le voilà qui projette sur l'écran de l'ordinateur, sur quoi je souris malgré tout, pas jaune, mais en négatif, une salve de projectiles en alliages sophistiqués de métaux rares (et potentiellement onéreux), au sein de mon squelette maxillaire.
Les balles, au pas de vis rutilants, se fichent impitoyablement dans ce qui reste d'os valide et me voilà devant la radiographie du héros au dents métalliques, "le requin" du célèbre James Bond: "Moonraker".
Les délices prévisibles de la gastronomie semi-liquide me sont confirmés pour une période qui s'apparente pour moi à celle que mettait le "fût du canon" pour refroidir.
Le sniper tente de minimiser cette vision délétère de mon avenir en faisant miroiter une durée potentielle d'un mois ou deux..
Ça ne mange pas de pain ; (c'est le cas de le dire..)
Il conclut son assaut en évoquant, cerise sur mon gâteau, la mise en place rapide (Notion temporelle qui lui est propre..) d'un appareil dentaire provisoire qui devrait me mettre en situation d'affronter n'importe quel casting de bellâtre photogénique.
(Nous sommes tout de même à Cannes..)
Il tempère immédiatement la bouffée d'enthousiasme que je m'apprête à exprimer par des pas de danse et des petits cris de joie en m'infligeant un :
"-Il faut que je vous chiffre tout ça !"
Le moindre des éléments constitutifs (trois au moins par unité)) de la palanquée de corps étrangers, qu'il compte repiquer dans ma bouche frisant le millier d'euros, je réprime mon enthousiasme spontané.
D'autant qu'il m'assène:
"Il me faut du temps pour ça.
Revenez vers 14 heures si vous pouvez, ou un autre jour ?
Le fait d'être un "cas intéressant "caresse mon ego
Mon ange gardien, comme d'habitude, flaire une entourloupe, mais il est un rien parano, l'ange.
(Dieu merci..)
Aucune envie en outre de me retaper autoroute etc...
La haie de sourires gracieux des assistantes illumine le chemin vers la sortie.
Une légère ébriété semble affecter ma démarche
Me voici de nouveau sur les trottoirs, désormais plus fournis, de la cité balnéaire, au sein du maelström de mes confrères et consoeurs lifté.e.s et potentiellement édenté.e.s.
L'idée de me fournir directement en accessoires prothétiques chez Van Cleef et Arpels m'effleure un instant, car je subodore confusément une parenté budgétaire entre les différents intervenants locaux.
Foin des boutiques et des chihuahuas cocaïnés, je décide de me poser à la pointe du port Canto, derrière l'estaminet dans quoi les indigènes aiment à taper le carton.
"Le Palm Beach".
C'est écrit dessus.
La mer est étale, un peu grise en ce début décembre et les mouettes disputent aux pigeons les miettes que distribuent les quelque retraités oisifs qui parsèment les bancs.
Le siège auto en "position relax", je mords à (quasi) pleines dents dans un sandwich "triangle-mie-poulet-mayo" opportunément ramolli par quelques rasades de rosé de provence.
Je médite sur la nostalgie imminente que je ne manquerai pas d'éprouver quant à une telle activité manducatoire.
A mon côté, un véhicule aux vitres arrières occultées par des rideaux à fleurs est garé parallèlement, face à la mer.
Ces "routards" déjeunent de concert avec moi.
Je trinque à distance avec la passagère qui, sa collation terminée, bascule son siège en arrière, se défait illico de sa jupe et, allongeant des jambes fuselées et ses pieds déchaussés jusqu'au rétroviseur extérieur par la vitre ouverte, se laisse glisser dans la volupté d'une sieste réparatrice.
Conservant quant à moi et ma dignité (et mon pantalon), je glisse sans délai dans le même délicieux tunnel, entrouvrant par moments les yeux vers une vision apaisante : des orteils qui ondulent au soleil avec une indéniable volupté.*



* J'avais une capture video de la scène que le fucking sytème de ce site ne veux pas intégrer..Pffff..


Le profil, ourlé de pins maritimes, des iles de Lérins qui ferme l'horizon évoque le générique de fin ,un rien mélancolique, du long (et animé) -métrage qui retrace les épisodes de mon passé dentaire.






A 14 heures, retour brutal vers la réalité.
Ce n'est plus du cinéma, même si les délicieuses réceptionnistes m'accueillent avec un large sourire, comme un habitué de la "montée des marches ", en me tendant les inénarrables "sur-chaussures".
Le sniper a fait chauffer la calculette et m'annonce une douloureuse, caritativement amputée d'une réduction, symbolique mais magnanime, de mille euros ; une broutille..
Le reste correspond à peu près au prix d'un véhicule automobile éco-responsable (certes de petite cylindrée) après application des remises du moment.
Contactés, les organismes de prise en charge évoqueront une compensation frisant le zéro.
Seul un dentier dont le sourire illuminerait dorénavant mes réveils du fond de son verre, judicieusement posé sur la table de nuit, trouverait une certaine grâce à leurs yeux.

Les miens sont donc voués au déversement de pleurs.

En fait, pour conclure, détournant (d'un rien) le célèbre adage, je dois me rendre à l'évidence:

"Manger ou conduire, il va falloir choisir..!"







.




dimanche 15 septembre 2019

Chef.




On veille le presque mort. 
Sa respiration parfois hésite.
On suspend la sienne.
On se dit : Ça y est?
Puis ça repart.
Le bord des narines palpite un peu.
La pomme d'Adam a des mouvements imprévus. 
On observe tout ce qui bouge encore sur le visage.
Pas grand chose.
On se dit que bientôt, tout ça sera inutile..

Moi, je suis comme tout le monde , 
j'ai peur!
On vit dans l'inquiétude diffuse.
On met sa ceinture. 
On bouffe ses cinq fruits et légumes.
On les lave bien avant, rapport aux pesticides.
On  respire  plus la fumée des autres.
Même quand ils vapotent..
Nos organes sont des ennemis, des nids à cancer.
La prostate, le colon, le poumon.
Pourtant il faut bien respirer avec quelque chose!
Pas trop cependant,
y a des alertes pollution.  
Y faut ralentir, jeter les vieilles bagnoles, manger des Omega 3, 
des fibres, 
pour bien chier...
Éteindre la lumière, vu que ça bouffe du plutonium.
On va bientôt avoir des dosimètres, des zéoliennes partout, des casquettes solaires, des slips electriques..

La nuit, je rêve de Greta Thunberg





Elle me gronde..

– "Vieux cochon!
    Tu as regardé des pornos japonais..
    Sur des écrans chinois...
    Et l' empreinte carbone?
    Et la couche d'ozone ?
   Vieux cochon, vieux coch..."
              ...

Je me suis réveillé en sueurs.
Tous mes voyants étaient en veille.
J'allais le payer cher.
J'ai mangé un sixième fruit; pour alléger la peine.
Aucun goût ; j'pourrais en avaler des tonnes.
Puis, j'ai pris ma trottinette à piles.
Pour aller pisser.
Pas question de tirer deux fois la chasse dans la même journée.

Greta.....

Les nuits sont chaudes. C'est le dérèglement climatique.
J'en finis plus de pisser.
A cause de toutes cette eau qu' y me font boire.
Hier y sont même venus me brumiser..
Ça leur coûte moins cher que la rea des urgences..

Bon, y faut je rentre, sinon la patrouille va me coincer.
Pas de vieux dehors dès la nuit tombée
C'est les ordres.
Que ceux qui vont bosser qui ont le droit...
Ça fait pas grand monde, vu que du boulot, 
y en à plus.
Heureusement, d'ailleurs.
Ça aussi c'est dangereux, le boulot.
Ya les accidents du travail, les maladies professionnelles,
les suicides, les dépress ........

Haaaaaaaah.....!

...

Allô.
-Chef ?
-....
-Non, chef, pas une bavure, chef.
On lui a mis un  coup de Tazer au vieux.
C'est les ordres !
Y faisait nuit, chef
Et puis, la pisse des vieux, 
ça doit aller dans le bocal jaune, 
chef.

...

On veille le "presque mort".
Sa respiration parfois hésite.
On suspend la sienne.
On se dit : Ça y est?
Puis ça repart.
Le bord des narines palpite un peu.
La pomme d'Adam a des mouvements imprévus. 
On observe tout ce qui bouge encore sur le visage.
Pas grand chose.
On se dit que bientôt, 

tout ça aura été inutile...






t

dimanche 1 septembre 2019

Rap : 
il s’agit de rythmer les grossièretés 
par des dandinements.


Thalassothérapie.
Méthode consistant à soigner la peur de mourir par des bains d’algues.

Et,

Fitness :
Tenter d’acquérir un ventre plat pour une somme rondelette.


Dieu a dit : « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front »
Prenons le plus vieux métier du monde : 
est-ce vraiment le front qui transpire ?


Les histoires d’amour c’est comme les plaisanteries : 
les meilleures sont les plus courtes.
En amour, soyons plaisantins.


Couple :

"Deux bourreaux qui se croient victimes."




Gros :

A été bien sage 
et a donc gagné 
un embonpoint



dimanche 14 avril 2019

Mon oeil  images du jour.


Dans l'URSS de la grande époque, on brouillait le visage des disgrâciés
(Avant de les effacer de la photo et de la surface de cette planète, ce qui n'allait pas tarder non plus pour le seul encore reconnaissable sur le cliché..)






Il faut dire que vu la tête de certains, on  pouvait être tenté.




En tous cas quand on ignore si le dirigeant avait, ou non, la pêche





Du moins, est-on sûr qu'il avait... la banane..!





On sent, de nos jours,  dans certains paradis africains, vu la tête de l'assesseur, 




que.......

mardi 9 avril 2019


Impressions d'Inde*

En train, vers Bénarès.



L'inde teintée d'ocre et de vert-jungle s'écoule calmement derrière la vitre, striée de barres horizontales.
Au loin, dans les champs de poudre fine et desséchée,
des saris fleurissent.



Le fracas des bogies rythme la danse; 
des temples délabrés attristent ça et là le paysage.



Et pas le moindre tigre.

 A Bénarès (Varanasi).

L’aube pointe.
La lumière est jaune, teintée par une poussière limoneuse.
C’est du limon de Gange, du meilleur.
La chambre est au dernier étage.
Elle donne sur le fleuve et les ghats, qui y descendent  en marches de géants.




Un grillage entoure le balcon et finit de le clore en le surmontant ;
une cage, en fait.




C’est pour empêcher les singes d’entrer.
Une prison qui empêche d’entrer…
L'inde...
Il faut dire que ça pullule, les singes, à Varanasi.
Il n'y a pas que des Sadhus et des croque-morts.





En bas, des femmes en saris 
et des hommes ficelés de coton blanc se baignent au milieu des détritus
Flottent ça et là quelques minuscules feuilles sur quoi sont posés des lumignons qui vont,
avant de s'éteindre, dériver vers un aval censément plus propice à la paix des âmes.



Les mains jointes devant le visage tous se trempent,
jusqu’à disparaître dans ce liquide douteux et en ressortir ruisselants de sacré.







Eux, ne doutent pas.
Ils parlent à Brahma, Rama, Krishna et coetera.

Plus loin, des hommes vigoureux, le dos nu, tourné au fleuve, qui les recouvre jusqu’aux genoux,
frappent avec violence des tortillons de linge sur de grandes pierres plates et s'apostrophent dans de grands éclats de rire et de gouttelettes de Gange.
Ce seront les seuls rires audibles dans cette cité des morts.



Les sari lumineux seront ensuite déployés sur le quai pour sécher au premier soleil.
Au loin des bruits étouffés de tambour scandent quelques hommages à destination des esprits matutinaux.
Vers la gauche, la ligne d’horizon est grisée par la fumée des bûchers finissants de la nuit qui s’achève.
Curieusement aucune odeur suspecte ne flotte dans cette atmosphère étrange.




Parfois un crâne explose dans la fournaise faute d’avoir pu le faire, du vivant du de cujus,
sous la poussée du génie éventuel qu’il pouvait contenir.

Au matin, des intouchables trient les cendres encore chaudes avant de les balayer vers le fleuve, 



























à seule fin d'y récupérer d'éventuels fragments de métal précieux dont les mâchoires des anciens propriétaires n'auront plus l'usage
si la réincarnation leur confère, s'ils ont respecté les interdits alimentaires,
une dentition de qualité.

* Les réminiscences de ce voyage qui date d'une dizaine d'années sont illustrées d'images tirées du "net", les miennes ayant été digérées par un bug informatique glouton..

dimanche 31 mars 2019



  Mon oeil : quelques images d'actualité.


Dans une émission de débats, fortement inspirée du fameux "droit de réponse",
le délicieux Moix (Yann) affiche une icône littéraire





et, s'en inspire tout autant.



"Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt."





Une adepte de la "kippa poilue"
et des loisirs balnéaires.
Elle va nous manquer.












Les deux complices se  congratulent ;

mais, derrière,
...















dimanche 24 mars 2019


Venise funéraire.



On glisse en silence sur des canaux étroits.
L’eau verte exhale ce parfum douteux et insistant des fleurs qu’on aurait oubliées dans un vase.
Les murs décrépis laissent voir sous les repeints et le maquillage,
l’ossature des squelettes de briques. 
Des barques funéraires, égayées de petit tapis bariolées, 
s’insinuent sous les ponts surbaissés avec leurs cargaisons de naïfs, 
récemment appariés, qui croient rêver sur une balançoire.
Il faut parfois, d’un coup de talon, s’éloigner du mur afin que le rêve se poursuive.
Les palais déshérités se délitent patiemment comme s'ils fondaient dans la lagune.
Certains, tels des tombes de bon goût, penchent légèrement.
Le nombre des habitants aurait lui-même fondu,
de moitié à ce qu'il parait. 
En surface grouille dorénavant tout un peuple de cloportes à bananes déversé par les entrailles d'un



Peuple qui vient vérifier, immortaliser et archiver sur son smartphone ce que le prospectus avait fait miroiter.

Les doges, leurs affidés et les marchands"haut de gamme" ont pour la plupart quitté le radeau.
Il s’épanouissent dorénavant dans les resorts de la finance mondialisée,
à Dubaï et Abou-Dhabi 
où sont d’ailleurs désormais bâtis,
les musées.

dimanche 10 février 2019























Déréliction :

Surmonté chichement
D'un chèche enturbanné ,
En manière de coiffe,
Dans mon désert affectif, 
Improbable bédouin, 
Je promène ma soif,
Au rythme lancinant
De mon camélidé.

jeudi 7 février 2019





Dans son testament autographe, 
le divin marquis Donatien- Alphonse- Ferdinand de Sade, 
demanda que l’on semât sur sa tombe,
des glands.

Cela ne s’invente pas..


Ennemi héréditaire
(Il faut savoir apprécier son ennemi)

"Il y a une certaine différence entre les français et les anglais.
Par exemple le français :
–Parle à un inconnu sous prétexte qu’il est en voiture (souvent d’ailleurs avec une notable grossièreté..)
–Sort sans parapluie, sous prétexte qu’il ne pleut pas.
–Parle aux arbres dès qu’il est à la campagne.
–Gruge pour passer devant les autres dans la file d’attente. 
-Se dépêche de raccrocher au lieu de s’excuser quand il se trompe de numéro.

–etc...


Un français sans maîtresse
c’est comme un anglais sans club.



En Angleterre, rien n’est fait pour les femmes. 
Les females, endurcies par les sports, se voient enlever leur époux par le club, leurs enfants par le collège, leur charme par la confection et, 
ce n’est pas avec la cuisine, qu’elles vont pouvoir se rattraper..



Tour de France :
Il s’agit de se rendre à Paris à bicyclette, le plus rapidement possible, tout en empruntant des chemins de plus en plus compliqués."



« Il se caressait la barbe, 
comme s’il y cherchait l’inspiration,

ou des miettes de pain.. »



Ce qui agite le monde et le fait avancer, 
c’est la cupidité.
Admettons qu’on l’éradique.
Qu’est-ce qui va la remplacer ?





"Il est plus aisé de légaliser certaines choses 
que de les légitimer."

(Chamfort)



Rime riche :

Deux vrais amis vivaient au Monomotapa*
Puis, l’un contourna l’autre, 
                                              et il se le tapa.

(*Que les zimbabwéens hétérosexuels me pardonnent..)




Belle, inaccessible, humide et toujours fuyante.
anguille ,
Anguille,
joli nom,
pour une fille..


Tu as beau être beaucoup plus belle que moi,
au sol,

nos ombres se valent.
On dit que le jour se lève. Le jour s'étend, 
progressivement, sur le ciel noir de la nuit ; 
c’est moi, qui me lève..



Trouvant chez sa maîtresse un homme, il lui dit : 
« sortez ! »
L'amant lui répond : 
« un gentilhomme aurais dit 
« sortons ! »



Il faut dire de quelqu’un : 
" c’est l’avant-dernier des imbéciles ", 
pour me décourager personne..


Il y a, en matière médicale, 
une connotation comminatoire dans le mot « ordonnance »
Il vaudrait mieux rédiger : « suggérance »..


L’orateur à son auditoire :
"si ceux qui discutent ou toussent, 
faisaient autant de bruit que ceux qui dorment, 
ça arrangerait ce qui m’écoutent."



Suggestion de tatouage intime* pour dames :
«Voi che entra qui, lasciate ogni speranza. »

* Je ne dis pas "rupestre", il ne faut rien exagérer..


J’ai peur, ma chère ,
quand tes yeux s’obscurcissent
comme la mer, 
soudain,
sous un grain.


Le vrai épicurien se méfie de l' Eros
car la pression dévoratrice conduit, 
de par l’impossibilité de la possession réelle, 
à la jalousie puis à la frustration. 
Il incite donc à l’objectivation réelle de l’être aimé et notamment de ses défauts.
Par exemple :
« Cette somptueuse créature a peut-être une haleine de fennec. »


La règle mystérieuse d’attraction- répulsion entre les masses se confirme de façon évidente, 
dans le "bal musette".*

*Les télescopages y sont rares !


J’aime inverser la supériorité qu’ont ceux, 
qui sont assis en terrasse, 
sur ceux qui passent,

en les regardant ostensiblement.

mercredi 6 février 2019

Vénus

C'est un "exercice littéraire".
Le thème: "zoom".
Il s'agit, feuilletant un livre illustré de grossir la focale sur une image et, de là, ...

Une heure que tu parcours ce bouquin.
Le Louvre, histoire, architecture et tout. Ca te rappelle l’école. 
Les livres chiants avec des images moches.
La visite du musée avec la prof. 
Les grandes salles mal éclairées, les parquets  
sur quoi les mômes sont assis par terre.
Ils sont harcelés par des institutrices, sèches comme des anglaises, qui les bombardent de questions à la noix sur : ce que le peintre a voulu représenter , la manière  etc.. dans ces immenses tableaux pendus au mur. 
Une BD géante.
Toujours la même histoire, religion, guerre, les deux à la fois souvent. 
De quoi se pendre, c’est vrai. 
Seul avantage, ils (elles..!) sont souvent à poil ; on rigole un peu. 
Sinon, une demi-heure pour raconter le naufrage de « La Méduse », ça craint ; 
ça vaut pas « Titanic ».
Puis, sur le point d’abandonner, au détour d'une page, une photo.
Ca y est, tu zoomes.
Une tache de couleur, comme un rêve "papillon" qui s’envolerait par la fenêtre de la classe. 
Un jardin embrumé, un parterre un peu fouillis, rebelle et, au milieu, une fleur épanouie, jaune et rouge qui illumine le livre au pied de la façade embrumée et sévère du Louvre.
Un clin d’œil du roi soleil qui semble te dire : « tu comprends pourquoi je me suis tiré à Versailles ? »
Une fleur, le Louvre ; ton cœur se met à battre ; 
"Bon sang, mais c'est bien sûr" ! 
Vénus !
Ça y est, cette fois tu rêves pour de bon. 
Tu es en classe.  
Tu a dix ans et des poussières. 
Pensionnaire ; école privée. 
Pas des curés, pire ; des cathos intégristes. 
Blouse grise, manchettes noires. Pupitre à rabat, encriers en faïence blanche. 
A côté du tableau noir, les grandes cartes de France ou de l'Afrique équatoriale Française.
L’encre violette est irrattrapable sur les chemises et les doigts ; même à la pierre ponce.
Dans le pupitre, la collection de scarabées. 
Et, dans ton bouquin d’histoire, une photo de la "Vénus de Milo".
Elle éclaire la page. 
C’est au Louvre, justement, qu'elle habite. 
Elle n’a pas de bras mais de vrais nichons. 
Enfin, en marbre, mais ce sont les seuls qui soient à portée de ton regard en 1954. 
Pas d’internet , "machinporn" ou quoi, à l’époque ; 
c’est du lourd.



Deux fois par semaine, c’est messe et catéchisme.
En rang par deux, intervalle d’un bras tendu. 
Un prof devant, un pion derrière et en route pour l’église.
Ta veste est déjà trop petite ; le pull tricoté par ta grand-mère pique, même à travers la chemise. 
Le pantalon est, lui aussi un peu court, ou alors, c'est un short. 
Les chaussettes en laine sont montantes et les souliers ont les bouts ronds et des crochets pour le laçage ; Il a  fallu les cirer, corvée interminable et obligatoire. 
Une boite spéciale, en bois, est dévolue à cet usage avec les brosses, le cirage Kiwi et  un chiffon de laine pour faire reluire. 
Ton numéro est écrit dessus et sur tous les habits. 
Pas sur l’avant-bras, mais c’est limite !
Si ça ne brille pas assez, on est pincé au gras du bras par la directrice, un rien sadique, qui filtre la montée au dortoir.
C'est sa façon de tripoter les mômes.
Le bleu qui en découle est le tatouage de l'époque qui s’effacera jusqu’à l'arrivée du prochain.
Pour l'heure, on se répand sur le trottoir sous le regard un peu goguenard des passants. On a un peu honte.
Certains ont même des bérets.
A l’église, on est séparé des filles. Pas qu’à l’église. 
Les filles, c’est un autre monde,  elles ont leur école : 
« Ecole de filles ». 
C’est marqué dessus. 
On ne les aperçoit que là, à la messe, et de loin.

C’est la préparation à la communion solennelle.

Elles alignent sur les prie-dieu, des profils de petites madones.

La première, c’est Vénus.

Sa peau est blanche, du lait.

Elle a des boucles blondes.

Les yeux baissés, elle semble prier.

Je suis jaloux du dieu qui à l’évidence pénètre son âme et lui intime la servilité.

Des pensées furieuses agitent mon sang.

Elle a posé sur moi deux yeux d’un bleu limpide et profond.

De l’eau.

Le sourire est là, hésitant, prêt à surgir.

Elle a re-baissé les yeux.

Ce sera tout pour aujourd’hui.
Tu es "amoureux"..!       
Tu l’appelles Vénus, mais elle ne le sait pas.
Un jour, tu as amené ton livre d’histoire, serré sur le ventre, à la messe. Tu lui a montré de loin la photo. Celle du musée du Louvre,
la "Vénus de Milo".

Toute la travée des filles a pouffé de rire. Elle a rougi. 
Ce jour là, à deux doigts de te faire gauler par le curé..
Depuis, pour toi, la corvée d’église : que du bonheur.
On échange  des regards, elle baisse les yeux, sourit. 
Avec l’harmonium derrière, on se croirait dans un film avec les mariés qui s’avancent vers l’autel dans un halo de brume lumineuse.
En fait,  c'est l'encensoir qui tient lieu de brume, et pas question de franchir l'allée qui te sépares de la travée du diable, la lumière rouge sur le tabernacle tient lieu de vidéo-surveillance.
Un claquement sec de bois de buis ou de mains te réveille. Tout le monde se lève. La colonne des filles se dirige vers la tache de lumière de la sortie suivie de celle des garçons.
Chacun, chacune, retourne dans sa prison.
Dans la grisaille de chaque jour, en classe et surtout dans le dortoir secoué de toux sur une basse continue de ronflements, éclairé par la tente carrée "en abat-jour" ,dans quoi lit et dort le surveillant ,
toi, les yeux grand ouverts dans le noir, 
tu penses à elle ;
Vénus.
Dans ton rêve, des seins lui poussent que tu n’oses même pas imaginer et qui, (eux non plus), ne seront pas de marbre..
Arrive le jour de la communion solennelle. 
C’est un dimanche. Tu as un costume, un vrai,  
le premier.
L’impression d’être un chimpanzé déguisé, il ne te manques que le tambour..
Les chaussures vernies te font mal. 
Ta mère et ta grand-mère ont des chapeaux et des tailleurs pastel,  genre « reine d’Angleterre » .
Toi, tu as,  humiliation suprême, un brassard



C’est un truc genre ruban géant avec un nœud, en satin ou quoi, qui pendouille depuis le long du bras, sur le côté.
"L'inénarrable lambeau de lingerie cléricale" dira superbement Pierre Michon dans ses "Vies minuscules".
On t'a fait une raie sur le côté avec de la brillantine.
et infligé  des gants blancs.
La photo* de l’époque confirme: L’air d’un c…avec le sourire niais qui va avec.

*La vraie, tu ne l'a plus, mais ça ressemblait fichtrement à ça


Dans l’église, c’est le grand barnum avec orgue, sermons et tout le tralala. 
Les pitreries de l'officiant sont au top pour la circonstance.
Il s'agit de canaliser la pensée fragile vers le tunnel du christianisme au bout de quoi, (pour les soumis), il parait, on verra enfin, la lueur..
C’est noir (et blanc..) d’un monde qui va bientôt se déverser sur le parvis. 
A peine si tu l'as aperçue, ta Vénus, de loin, au milieu du groupe des filles qui elles, sont toutes habillées en mariées.
Les familles commencent à se disperser. 
Ta mère laisse entendre qu’on ne va pas tarder à ..
Soudain, une tache blanche grossit dans ton champ de vision.
Elle court entre les groupes qui papotent et se congratulent. 
Une robe en satin blanc , un voile de tulle avec des marguerites en dentelle et au milieu de tout ça,
Vénus.
(Dans tes souvenirs, c’était un peu ça**):





** En vrai, tu risquais pas de la prendre en photo..
Elle s’est échappée du cercle de famille. Elle fonce sur toi et, rouge comme une pivoine, te tends un petit carton. C’est une image pieuse ; celle qu’on fourre dans les missels, avec une sainte et tout, qu’on lui a imprimé pour la circonstance.
Le temps que tu  regardes l’image, sans prononcer un mot, elle a disparu dans un frou-frou de dentelles blanches. 
Ta mère te regarde, interrogative, saisit la carte, esquisse un petit sourire, un rien  ironique.
Pour le coup, c'est toi le bloc de marbre, mais avec aux joues une chaleur, un rose qui doit enluminer le parvis.
Tu ne l’as jamais revue, 
Vénus.
C’était ta première histoire d’amour . 

Elle était déjà finie.


vendredi 18 janvier 2019

"Venise, grise et rose,
Flotte telle un flamand
Posé, sur un étang
Aux moirures moroses"


Ici,, 
les gondoles qui encensent font penser à des touches de piano, qu’on enfonce encore et toujours ;

piano très riche en dièses 

et en bémols..

et,


"Quand le soir fait monter de la lagune, sa brume ;
il semble que Venise s’enfonce lentement 
telle une Diane alanguie

dans son bain. »


« Aimez le dieu charmant, aimez le dieu caché
Aimez le bel amour du mal aimé Saturne
Qui déposait ainsi qu’un papillon nocturne
Un baiser invisible aux lèvres de psyché »

(G. Nouveau)



« Il faut battre les femmes maigres, 
avec un bâton. »



« La plupart des voyages dont on rêve n’ont jamais lieu.
On les accomplit donc intérieurement .
L’avantage de ces "vols intérieurs",
c’est qu’on a de la place pour les jambes. »



« Le vrai poète n’a pas de limites. 
Quand il est mauvais il l’est jusqu’au ridicule. »


Marcel Jouhandeau,
(préfacier laconique) :

« J’abrège mon propos 
car il serait malvenu de retarder davantage 
le plaisir du lecteur. »



Médias :

« Ce n’est plus le sang versé sur le champ de bataille qui fait la valeur des hommes,
ce sont dorénavant les postillons déversés en rafales 
derrière un micro »


A celles qui auront eu la faiblesse de m’aimer un peu, je dirai comme Cocteau:
« J’ai mis votre bouquet dans l’eau du même vase. »


« A dire pire que le pire
Et meilleur que le
                              meilleur
Quelle est la langue qui peut dire
Les deux abîmes de mon cœur ? »


(Ch Maurras)