dimanche 22 octobre 2017


L'humain c'est comme l'oignon.

Il est constitué et apprêté comme l'oignon.
Ses os, eux-mêmes creux, sont recouverts de muscles et ceux-ci de peau avec, entre les deux, plus ou moins de graisse.
Puis vient l'habit qui revêt avec plus ou moins d'élégance, le tout.
Cet ensemble s'entoure de maisons, d'autos, voire de trains, de submersibles ou d'aéronefs et bientôt de drones.
Chacun de ces éléments, couche individualisée, constitue l'oignon humain et est l'objet d'attentions destinées à le préserver de l'humiliation, sensation désagréable qui implique autrui.
(Existe-t-il un amour propre qui s'affranchirait complètement des autres ?)
On rêve donc ainsi de jet privé, de voitures luxueuses et véloces, de costumes de grande coupe et d'étoffes précieuses.
Le sous-vêtement se doit d'être comme un bijou tapi dans son écrin, voire considérablement attractif et minimaliste chez certain(e)s.
La peau elle-même est rabotée, retendue s'il le faut et moule des prothèses aux courbures affriolantes.
On la recouvre de crèmes et de poudres qui gomment la moindre imperfection.
On la tatoue de plus en plus de slogans ridicules et quasiment indélébiles ((ce qui obère le futur de la dénudation)
et on la parfume ou la désodorise selon la région concernée.
Il est socialement bienvenu qu'elle soit légèrement hâlée par un soleil exotique, plutôt que par une lampe de quartier.
La graisse, vite accumulée sous l'effet d'une gourmandise de vie qui nous anime, sera liquéfiée par des régimes à la mode ou suçée à l'aide d'instruments inoxydables et onéreux.
Les muscles seront modelés à l'aide d'exercices pénibles sur des machines rébarbatives avec le sourire lui-même muni de dents habilement blanchies et alignées par des orthodontistes hors de prix.
 Il en sera de même du cœur, des poumons, du moral, gonflés à l'oxygène d'altitude, débarrassés de toute nicotine et apaisés par une méditation orchestrée par un coach médiatisé.
Le cerveau, lavé  par les télés et les "rézosôciaux",
à qui il aura concédé la totalité de son espace,
conduira allègrement ce bel ensemble vers sa destination, qui demeure,
pour peu de temps encore,
fatale.
On rangera alors toutes ces couches soigneusement gérées, dans un boîtier d'une essence plus ou moins précieuse , lui-même placé à l'intérieur d'un véhicule allemand surdimensionné et excessivement vitré.
Quelques pitreries seront effectuées, en présence de la famille et des amis, par un officiant du culte,
 (celui qu'on lui aura généralement imposé dès sa plus tendre enfance et qu'il aura soigneusement rangé dans un coin de sa mémoire d'où il ne l'exhume  que pour les grandes circonstances( mariages etc..)
...
Jusqu'à l'apposition du revêtement final subtilement constitué d'un marbre poli à l'extrême en forme de dalle ou d'urne selon l'ultime recette d' accommodation de la dépouille.
Une phrase immortelle y sera gravée avec parfois une photographie émaillée du plus bel effet.

L'oignon quant à lui, finira dans un pot-au-feu, déshabillé de ses couches superficielles et dont je vous conseille de sceller le couvercle ultime à l'aide de quelques clous de girofle qui ont le double avantage d'être ,
et plantés silencieusement contrairement à leurs collègues de cercueil,
et qui plus est, délicieusement parfumés.

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