Dilemne

                  (Nouvelle)


Serge eut ce qu'il est convenu d'appeler une belle mort.
A peine Mathilde avait-elle déposé le café sur la table basse,
qu'il s'affaissait imperceptiblement dans le fauteuil.
Un léger gémissement, tout au plus, témoigna du drame qui se jouait là.
Serge s'épanchait rarement et gardait en toutes circonstances son quant à soi;
Il ne dérogea pas à cette habitude et décéda dans la plus stricte discrétion sous les yeux de son épouse qui n'eût pas même le loisir de s'en inquiéter.
Une telle délicatesse résumait bien le caractère de son époux.

Toute possibilité de mouvement avait définitivement quitté l'enveloppe corporelle de son destinataire
que le café fumait encore dans sa tasse.

Que faire du café d'un mort ?

Le boire, tant qu'il est encore chaud ?
Ou bien le jeter dans l'évier,
comme on le fera bientôt avec les  restes du pauvre Serge
dans un trou de terre ?